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« Désirs et servitudes »

de Anne Bottani-Zuber

Le titre de ce recueil de nouvelles aurait pu être: «Contes du désir et de la servitude et de ce qu’il faut de luttes, d’amour, de mensonges et autres stratagèmes afin de concilier les deux. Si cela se peut. Si cela se veut.» Mais c’était trop long. Ni Justine, ni Adeline, ni Sylviane, ni Line… aucune des héroïnes de ces quatorze nouvelles ne désirent être asservies. Cependant toutes le sont plus ou moins fortement. La religion catholique d’autrefois, la religion de l’apparence d’aujourd’hui, le statut social, les relations conjugales et familiales, le poids des habitudes, l’addiction à la cocaïne… mettent en péril la possibilité de faire des choix librement consentis. En ont-elles conscience? Ont-elles envie d’être un peu plus libres? Et si oui, que font-elles?

Anne Bottani-Zuber est née le 11 mai 1955 à Sierre. Après ses études, elle enseigne le français aux immigrés et vit maritalement à Lausanne. Malgré sa bipolarité, elle publie en 2020 un texte d’inspiration autobiographique: Une voiture rayée, c’est dérisoire. Ce témoignage remarquable faisait suite à des fictions de facture différente: Désirs et servitudes et Lumières. Mais elle livre les clefs de sa vie extravertie et pourtant mystérieuse dans son premier ouvrage paru à l’Aire en 2010: Aline ou les cahiers de ma mère. Un livre qui fera date dans l’Histoire de notre littérature. Fascinée par Jane Eyre, elle fait sienne cette phrase empruntée à la romancière anglaise: «Je ne ne suis pas un oiseau, je ne suis prise dans aucun filet, je suis un être humain libre avec une volonté indépendante». Son goût du paradoxe l’incita à écrire une vie imaginée de Madame Maigret – manuscrit qu’elle termina juste avant de nous quitter, le 2 juin 2022 à l’âge de 67 ans.